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 Jean Tisseyre, découvrant nos projets, disait "qu'il fallait approcher ce lieu avec un esprit et un cœur préparé et avec le désir profond d'y apporter un réconfort matériel et moral"

 Lescale - de sa naissance à 1955 avec l'accident de l'histoire en 1944

 

L'agré de Blau. (lieu désigné ainsi dans un partage de la grande Seigneurie des Bruyères-le-Châtel incluant la seigneurie de Nébias)

L’agré nous paraît pouvoir être traduit par « réserve foncière » du roi ou du seigneur.

C’est la forêt réservée, interdite aux serfs d’à côté.

 

Tout avait commencé de 1322 à 1351 et 1376 sur les penchants de montagnes brûlées, ruinées, on avait essardé…    

        

L'Agré de Blau, à la reculée de la rivière, est rattaché à la seigneurie de Nébias en 1376.  En partie préservé du feu, le feu s'arrêtait avec l'altitude. Ceci sera favorable à la mise en culture, à partir des métairies situées à la périphérie.

        

Un jour du XXe siècle, tout finit : le hameau vieux de Lescale est condamné par un accident de l'histoire. L'histoire récente va commencer. 

 

 

Période 1 : D'où vient le hameau

 

 

Nous sommes en présence d'une masse forestière réservée qui, même ruinée et brûlée, sera "inévitablement entamée et défrichée. Cet espace englobe le vallon de Lescale limité :   au nord, du Minier au Trabanet par la Garrossa,   au sud, du Chandelier, du bois de Cuxac, du bois des Rives, aux versants de la Malayrède.

L'Agré du Blau entamée par le bas à partir du Blau va donc libérer des terres nobles et favoriser l'établissement de lieux de vie et de métairies.

Sur les plans inclinés, vont se développer les Pomarèdes et les Condamines

En y rajoutant les "Plones"dans Puivert, que l'on atteint après avoir franchi le Tarnabissou vers la borde de l'Echioulat, en venant de Campmarcel, il y avait de quoi nourrir le hameau.

 

Ainsi sort de la nuit, un "essar"(terre défrichée)  du XIVe siècle, un hameau tardif de la seigneurie de Nébias.

Ce hameau fait partie des communautés bénéficiant du privilèges royal datant du XIIIe siècle de «  terre privilégiée », qui exemptait ses habitants de la taille en  contre partie du guet et de la garde aux châteaux de Nébias et Puivert, au même titre que dix autres villages :      Sonnac-Chalabre-Monjardin, de la seigneurie de Chalabre,

Villefort-Rivel-Ste.Colombes-Puivert-St. Jean de Paracol, de la seigneurie de Puivert,

Nébias-Lafage-Lescale de la seigneurie de Nébias.

 

Pour conclure sur l'origine du hameau. Ce hameau a réussi parce qu'il disposait de plusieurs hectares de terre à blé et sur les versants, des prés avec des arbres fruitiers, des vacants pour le pâturage des bovins, ovins, caprins. Et puis le Saltus proche avec ses forêts, ses garrigues et ses richesses induites, on dirait aujourd'hui "sa biodiversité".

Dans les terres défrichées et soumises à la censive et à l'agrier vont se construire, aux XIVeXVe siècles, des habitations, des métairies le long du Blau et sur les penchants, ce qui peut représenter une vingtaine de familles vivant dans le secteur.

On était brassier (journalier), laboureur, berger, chevrier, bûcheron, débardeur et encore vannier. Le brassier utilise comme partout ses bras et des vaches, à la limite il n'a qu'un brau ou une seule vache. Pour débarder il faut des bœufs et un forgeron. Pour moudre le blé un meunier qui apportait la farine avec son âne " l"azé de Labau". Labau le dernier des meuniers à Lescale. Il y aura aussi au bord du Blau une scierie à eau.

 

 

                                  Période 2: Evolution du village, du Consulat en 1551  aux tragiques événements d’août 1944.

 

1551

De communauté de village, Lescale devient Consulat et comptera vingt, puis trente, quarante-huit maisons plus tard. Lescale jouit donc de l'autonomie administrative, le pouvoir judiciaire restant aux mains du seigneur. Il y a trois têtes dans le consulat de Lescale :

 -Le bayle représentant du seigneur à la fois gestionnaire et procureur de la juridiction du comté de Mauléon Narbonne.

-Le consul désigné pour un an parmi les habitants qui assure la police, règle les pâturages, prélève divers impôts.

-Le vicaire, c'est le greffier, le marguillier du conseil de fabrique (groupe qui administre les biens de l'église). Il réside à Puivert. Lescale dépend de l'évêché d'Alet.

 

Vers 1632-1637      Défrichements de Lescale en Pays de Sault et au bois du Minier.

 

1720-1740

Dans la période 1720-1740 le village se structure, il devient indépendant. D’abord on construit l’église vers 1730. Peu après on acquiert le cimetière près de l’église. Puis les fonds baptismaux sont installés dans un coin à l’entrée. On n’a pas édifié de clocher, c’était la mode dans les gros villages vers 1680. On surélèvera un mur afin de loger la cloche baptisée le 24 septembre 1773, elle porte le nom de Françoise-Gabrielle

Le compoix de 1718 donne 41 maisons d’habitation et 1 métairie. Sur la base de 42 feux, nous retiendrons 170 habitants en 1718.

 

1790 

La communauté est rattachée à la commune de Puivert comme section autonome. Rattachée mais non fusionnée, le hameau avait ses biens propres, on respecta ainsi la coutume. La section avait deux conseillers municipaux.

 

1820
Le cadastre de Puivert 1820 et 1826 aux Archives  Départementales nous renseigne sur les biens propres de la section de Lescale :

 1. La maison curiale, jardin et sol, l’église et le cimetière.

2. Les anciens vacants et les bois donnés par le comte de Mauléon représentant : 279 seterées (1 seterée # 1/2 hectare) et 2 quarterei

(1 quarterei = 1/4 de seterée).  Soit # 140 hectares.

 

1841 La commune de Puivert compte 1907 habitants dont 224 habitants à Lescale. C’est le pic maximum en nombre d’habitants.

 

1872

Dans les annales des communautés de l'Aude de l'abbé E. Baychere,  Puivert y compris les hameaux et les métairies en périphérie compte 1573 habitants, Lescale compte alors 189 habitants, avec 44 maisons et 45 ménages C'est le hameau le plus peuplé de la commune.

 

 

 

 

1905. 

Construction d’une  école.  Elle accueillera 30 à 35 élèves dans les années 1933-1935.

 

Ci-contre le projet dressé par l'architecte Gally de Chalabre le 10 mai 1905, pour remplacer le lieu d'enseignement  hébergé dans une ancienne maison du hameau.

L'étage qui abritait le logement de l'instituteur (trice) sera arasé par suite de l'instabilité du  bâtiment.

Elle fonctionnera jusqu'en 1953 date de la mise en service de la nouvelle école dans le village reconstruit.

 

Le plan provient des archives communales de  Puivert. 

 

  1931

La commune de Puivert a 935 habitants, Lescale avec le moulin de Labau compte 135 habitants y compris les enfants confiés par l’assistance publique. 

 Classe de M. JeanTisseyre en 1931 ou 1932Classe de M. JeanTisseyre en 1931 ou 1932 Classe de Mme Alary 1933 ou 1934 Classe de Mme Alary 1933 ou 1934

                                                                                                                                                                                                                                                                  


Secteur Nord du hameau vieux prise du Capela entre 1933 et 1940
En haut à droite l'église et les cyprès du cimetière. Après l'incendie nous découvrirons ce même secteur. Secteur Nord du hameau vieux prise du Capela entre 1933 et 1940 En haut à droite l'église et les cyprès du cimetière. Après l'incendie nous découvrirons ce même secteur. Dans la cour de l'école. En arrière plan la grange de la famille Carbou.
Vers 1936Dans la cour de l'école. En arrière plan la grange de la famille Carbou. Vers 1936

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La grotte du Saut de la Bourrique à découvrir en parcourant le sentier du maquisLa grotte du Saut de la Bourrique à découvrir en parcourant le sentier du maquis

 

1943- 1944 La résistance s'organise dans l'Aude. Le maquis de Picaussel se crée. Un premier élément d'hommes jeunes,dont certains de Lescale, s'installent dans la grotte du Saut de la Bourrique sur le flanc nord du Sarrat du Milieu en février 1944.

Par la suite compte –tenu du nombre important de maquisards, le maquis se déplacera au-dessus, sur le plateau de Sault dans le secteur de Picaussel où les parachutages auront lieu.     Outre la participation de jeunes du hameau, les habitants apporteront leur soutien au maquis.  

Le 6 août Au cours d'embuscades  trois jeunes maquisards seront tués dont deux jeunes de Lescale.

  Le 7 août 1944 les troupes allemandes arrivent en masse aux alentours du village, et partent à l’assaut du maquis. Des tirs se font entendre très rapprochés.

Un canon est installé devant la maison Carbou. Les assaillants seront repoussés.  D’autres allemands pillent le village.

 Le 8 août les habitants enterrent les morts et vivent dans la terreur, en fin d’après-midi la fumée monte du maquis, c’est l’inquiétude au village.   Que se passe-t-il sur le plateau ? Le camp est-il encerclé ?

 

                                   Un aperçu de l'histoire  du maquis de Picaussel est traité dans la sous-rubrique "Maquis de Picaussel "

          

 Le 9 août 1944  Lescale brûle

Le hameau de Lescale est incendié par les troupes allemandes en représailles de leur échec devant le maquis de Picaussel.

Lescale comptait 106 habitants 25 habitations et 55 granges, étables, forge. Il y a aussi l'église, le presbytère, l'école et son préau.
Seuls subsisteront 5 habitations, l'église, l'école, le préau et quelques dépendances.

Au centre du hameau, reste l'école et 2 granges. En avant plan le sentier vers le plateau de Sault. Dénommé maintenant "sentier Cathare" Au centre du hameau, reste l'école et 2 granges. En avant plan le sentier vers le plateau de Sault. Dénommé maintenant "sentier Cathare" Un arbre calciné au centre du hameau. Au fond le quartier sud.Un arbre calciné au centre du hameau. Au fond le quartier sud.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          

Ces photos proviennent du rapport du Sous-Préfet de Limoux du 10 février 1946. (A.D. de l'Aude)

 

1945 Sécurisation des ruines1945 Sécurisation des ruinesSecteur N/E après incendie.       (Photo A.D. de l'Aude)Secteur N/E après incendie. (Photo A.D. de l'Aude)

Période 3 : 

La vie dans les baraques et la reconstruction du hameau de 1944 à 1955.

 

1944-1945 Après quelques mois à une année d'errance dans les familles, chez des amis ou dans de vieilles habitations vides sur divers hameau de Puivert, les habitants vivront dans des baraquements en planches de récupération militaire en attendant la reconstruction d’un nouveau village.

 

 

FFI et GuérillérosFFI et Guérilléros                   Responsables du montage des baraques et FFI, Louis Vidal est à droite. Responsables du montage des baraques et FFI, Louis Vidal est à droite. 

 

Construction d’un abri commun pour le matériel agricole et le  fourrage. Un incendie, provoqué par un enfant du hameau, le détruira  entièrement en  juin 1947.( Photo A.D. de l'Aude)Construction d’un abri commun pour le matériel agricole et le fourrage. Un incendie, provoqué par un enfant du hameau, le détruira entièrement en juin 1947.( Photo A.D. de l'Aude)

  Entrée du hameau. A gauche le quartier nord. Au centre l'église et le cimetière. Au fond l'abri provisoire à fourrage. A droite derrière les granges 7 baraques.   ( A.D. de l'Aude)Entrée du hameau. A gauche le quartier nord. Au centre l'église et le cimetière. Au fond l'abri provisoire à fourrage. A droite derrière les granges 7 baraques. ( A.D. de l'Aude)                                                                                       

                                                                                                                                       

Groupe de baraque N°1 en bordure de la RD 16 vu  côté avant.                                                   
       (A.D. de l'Aude)Groupe de baraque N°1 en bordure de la RD 16 vu côté avant. (A.D. de l'Aude)            Groupe de baraques N°2 à 100 m plus au Nord ( A.D. de l'Aude) Groupe de baraques N°2 à 100 m plus au Nord ( A.D. de l'Aude)

 

Suzanne Deloustal ( 12 ans en 1944 )raconte « La vie dans les baraques était dure, il nous fallait charrier l’eau, nous n’avions pas de toilette. L’été il y faisait une chaleur infernale et les punaises sortaient surtout la nuit de toute part. L’hiver certaines baraques avaient une cheminée, d’autres un petit poêle qui ne suffisait pas à maintenir une bonne température »

Odette Deloustal ( 15 ans en 1944)  raconte

« Le lendemain, les parents ou les amis des villages à côté nous ont hébergés environ deux années au cours desquelles les baraques en bois, au toit en papier goudron ont été construites afin que chacun puisse retrouver un petit chez soi. Nous étions heureux de nous retrouver ensemble. Nous étions solidaires. Les jeunes ont passé de bons moments. Pour les plus âgés c’était difficile de vivre dans ces conditions, l’hiver dur, l’été pire encore »

 

Marguerite Bennes (20 ans en 1944) «  Plus de 10 ans ont passé dans ces humbles demeures, avec ses joies, ses peines mais nous gardions de cette période le souvenir émouvant de ce que fut le courage de cette communauté, la volonté de refaire surface, de reconstruire. Lescale vivra toujours dans nos mémoires et dans nos cœurs. Les petits de cette époque s’attachent aujourd’hui à le transmettre »

Claudine Bennes (6 ans en 1944) « Le mode de vie dans ces baraquement était précaire. Heureusement nous étions ravitaillés tous les jours par des commerçants ambulants, le stockage ne pouvait être assuré. Les nuits étaient pénibles, puisque nous étions cinq à six dans une petite chambre mal aérée. L’hiver avait d’autres inconvénients, aller chercher l’eau à la fontaine par un petit chemin givré, laver le linge dans le bassin communal, faire sécher le linge devant un fourneau qui nous réchauffait tout juste. Le froid rentrait partout, par les fenêtres sans volets. Nous nous encouragions les uns et les autres avec l’espoir que notre calvaire finirait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1945-1955   Dix longues années pour reconstruire le village.

En préambule Josiane Hograindleur nous dit parlant des habitants qui avaient subi ce désastre "  "sous leurs méchants habits se cachait le courage et le sens du devoir. Habités par ces valeurs  ils ont pu repartir et reconstruire Lescale"  

 

De 1945 à 1948  Etudes géologiques – Choix des architectes agrées par le MRU de l’Aude - Plan de masse sur des terrains agricoles à 300 mètres au nord du village incendié – Plan parcellaire –Etablissement des plans individualisés par sinistrés – Appel d’offre le 8 octobre 1947 en mairie de Puivert – L’entreprise Fioriot de Limoux est retenue.

 


Plan de masse du hameau nouveauPlan de masse du hameau nouveau

                                                                                                                                                                                            

Triangle rouge                             Maison famille Emile Deloustal  Triangle rouge Maison famille Emile Deloustal

Triangle vert.          Maison famille LafitteTriangle vert. Maison famille Lafitte

-               9 mai 1948 à 16 heures. Pose de la première pierre par le préfet  Maurice Picard, en présence - du député et président du Conseil Général Georges Guille - de Jean Tisseyre conseiller général - de Jules Jourda maire de Puivert- de M. Vals président du comité de libération- du lieutenant Lucien Maury chef du maquis de Picaussel.

Visite des bureaux de l’entreprise Fiorio où sont présentés les plans et maquettes établis par les architectes Bourely, Combis et Septour d’après les directives, de Camille Montagné architecte à Paris, de M. Selmes inspecteur de l’urbanisme et de Fages-Bonnery ingénieur en chef du Génie Rural.

C’est sous la pluie que seront prononcés les discours. C’est « une leçon d’optimisme et d’invincible espérance dans le destin des hommes » que retient Georges Guille des évènements de Lescale.     Jean Tisseyre rappelle « les mérites et les souffrances de la population du hameau ».

 

Remise des clefsRemise des clefs

 

 

 

13 juillet 1955.

Le préfet Abeille remet les premières clefs à leurs propriétaires.

Sur la photo à Louis Bennes, en présence de Jean Tisseyre.

Ce dernier, en tant que président de l ‘association des sinistrés n’a pas ménagé ses efforts et ses interventions pour régler les différends entre, Ministère de la Reconstruction, entrepreneur, architectes, association des sinistrés et aboutir enfin à l’achèvement des travaux.

 

 

 

L’exposition en place dans la Baraque du Souvenir à Lescale offre, aux visiteurs de ce lieu, plus d’informations sur l’historique du hameau et sur les événements récents qui ont profondément changés sa physionomie. Elle a été réalisée par l’association « les amis de Lescale » avec la concours des Archives Départementales de l’Aude.

Un document écrit sur l’histoire de Lescale, élaboré à partir des informations et documents fournis par Gaston Maugard, est en cours de rédaction.

 La vie dans le nouveau village et le devenir du hameau ancien sont traités dans  " Lescale après 1955"  

 

 

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